
Les défauts dans la méditation
Guendune Rinpoché
Un autre défaut commun à tous est de croire qu’il faudrait vider son esprit, avoir un esprit sans aucune pensée, sans aucune activité mentale et arriver ainsi à une sorte d’hibernation. On essaie de se ratatiner, de se rétrécir, de faire rentrer l’esprit dans une espèce de boîte où il n’y aurait plus rien. Cela vient justement d’une compréhension fausse de la méditation. Pour méditer, il faut des pensées. Qui médite, s’il n’y a pas de créations mentales ? Si la méditation, c’est être sans pensées, alors cette table doit être en train de méditer, de bien méditer même ! Dans la méditation, nous laissons les pensées s’élever sans les saisir, sans vouloir faire quelque chose avec. Méditer, ce n’est pas essayer de se débarrasser de ses pensées, de faire le vide, ce n’est pas non plus essayer d’attraper ou de cultiver une pensée particulière et de s’en tenir à celle-là, et à celle-là seulement, sans vouloir en laisser passer une autre. Ces extrêmes ne créent que des tensions et des blocages. Nous apprenons au contraire à mener l’esprit à un état d’ouverture complètement inobstrué, sans chercher à faire quelque chose avec nos pensées. Nous restons simplement conscients de leur apparition en posant dessus un regard direct. Quand nous regardons la pensée, c’est l’esprit que nous voyons; quand nous regardons l’esprit, rien n’est vu en tant que tel. Progressivement, nous apprenons à prendre conscience des pensées, ensuite à prendre conscience de l’esprit à travers les pensées, puis à reconnaître la nature de l’esprit.
Quand toutes les pensées s’élèvent dans leur vacuité intrinsèque comme étant l’essence vide de l’esprit, les pensées sont alors libérées, l’esprit est libéré. Les pensées s’élèvent alors comme Dharmakaya, la dimension fondamentale de l’esprit naturellement éveillé, naturellement conscient. Cela demande du temps. Il est important de savoir dans quelle direction évoluer pour ne pas partir sur une fausse piste, pour ne pas méditer sur la base d’idées fausses, en cherchant justement à éliminer les pensées ou à maintenir son esprit rivé à une seule pensée. Laissons l’esprit être ce qu’il est dans sa créativité, dans sa souplesse, dans sa richesse naturelle et petit à petit nous apprendrons à pénétrer l’essence de l’esprit à travers la reconnaissance des pensées et de l’esprit lui-même.